2026 en haute résolution : oser voir grand, clair… et soutenable
Décembre a toujours revêtu une douce dualité pour moi. Les soupers qui s’enchaînent, les enfants à la maison, la fatigue de fin d’année qui s’invite sans frapper. Et, en arrière-plan, une autre musique : celle de la gouvernance. Cette petite tension créative qui me pousse à ouvrir mes cahier de notes et à mettre de l’ordre dans l’ambition. Cette année encore, elle s’est présentée. Et je l’ai accueillie.
En 2025, j’ai mené de front des cycles qui, sur papier, n’entrent pas tous dans la même semaine. Deux nouvelles entreprises. Deux nouvelles places d’affaires. Une équipe qui a doublé. Un baccalauréat en droit terminé. Une vie partagée entre Québec et Montréal, valise prête, horaires serrés. Deux enfants étudiants et athlètes à accompagner aux compétitions, tôt le matin, tard le soir. La première moitié d’un livre à paraître en 2026. Je ne le dis pas pour l’effet de liste. Je le dis parce que tout ceci n’existe que grâce à un système. Sans système, l’addition de projets devient une addition de dettes — financières, opérationnelles, mentales.
C’est précisément cela, « voir 2026 en haute résolution ». Ce n’est pas écrire des vœux dans un cahier que tu vas envoyer aux oubliettes. C’est rendre la vision lisible, exécutable et finançable. La clarté n’est pas un slogan motivant, c’est un avantage opérationnel. Quand l’intention devient une architecture, les décisions s’alignent, les arbitrages se décident plus vite, et l’énergie cesse de se dissiper dans des chantiers périphériques.
Concrètement, ma haute résolution commence toujours par la capacité. Je cartographie d’abord les contraintes non négociables : temps de famille, fenêtres de santé, périodes d’examens, déplacements professionnels. Ensuite seulement, j’alloue la capacité restante à un portefeuille d’initiatives limité. Pas vingt, pas douze. Un nombre qui respecte la réalité des ressources, des flux de trésorerie et des personnes qui livrent. Puis j’installe la cadence d’exécution : une revue hebdomadaire courte et robuste, une revue mensuelle orientée KPI et risques, une revue trimestrielle pour réallouer, arrêter, doubler. Cette cadence protège l’ambition autant qu’elle protège l’humain.
C’est là que l’image se précise. Une vision claire ne se contente pas de désirer « croître » ou « mieux s’organiser ». Elle précise où l’entreprise devra se trouver le 31 décembre 2026, quels résultats seront matérialisés, sur quels 3 objectifs d’affaires on s’engage, et par quels indicateurs on pilotera. Elle rend visibles les coûts d’opportunité. Elle exige des renoncements assumés. Elle prévoit des buffers pour absorber l’imprévu sans brûler la marge ni le leadership. Elle intègre les garde-fous juridiques et financiers, pas comme annexes, mais comme rails.
Je sais ce que cela change dans la vraie vie. Cette année, j’ai refusé des opportunités qui auraient bien paru sur Instagram mais qui n’entraient pas dans l’architecture. J’ai suspendu des projets que j’aimais parce que la latence décisionnelle qu’ils créaient était plus coûteuse que la valeur qu’ils promettaient. J’ai doublé certaines initiatives moins sexy, mais à forte vélocité de cash et faible consommation de bande passante. La haute résolution n’a rien de romantique. Elle est pragmatique, presque austère, et c’est précisément ce qui la rend libératrice.
Je t’invite à te poser des questions qui ne tolèrent pas le flou. Où veux-tu que ton entreprise arrive, exactement, au 31 décembre 2026? Quels trois objectifs business méritent réellement une allocation de capacité? De quelles ressources auras-tu besoin, en heures, en budget, en talents, et que devras-tu cesser pour dégager cette capacité? Quels risques sont déjà visibles sur le radar et quelles parades peux-tu installer maintenant, pas dans six mois? Et toi, la dirigeante derrière la dirigeante, où seras-tu dans ce scénario? Quelle place aura ta vie personnelle, ton énergie, tes apprentissages? Parce qu’un plan qui nie la personne qui le portera est un plan qui ne tiendra pas.
J’aime ancrer tout cela dans une image. Pas un tableau d’inspiration sans gravité. Une cartographie stratégique qui tient sur une page et qu’on peut lire à voix haute à l’équipe. Un plan d’architecte. On y voit les piliers du modèle d’affaires, les objectifs priorisés, les jalons critiques, les risques majeurs, la capacité disponible, les buffers, les responsabilités. Quand ce plan existe, on parle la même langue. Les décisions cessent d’être personnelles, elles deviennent professionnelles.
On me demande souvent comment « je tiens ». Ma réponse est toujours la même. Je ne tiens pas, je cadre. Je ne cours pas plus vite, je cours orientée. Je n’additionne pas les projets, j’arbitre un portefeuille. Je ne gère pas au jour le jour, j’orchestre un rythme opérant. Et quand la vie s’invite — parce qu’elle s’invite toujours — le système amortit le choc. C’est cela que j’appelle la haute résolution : une vision qui encaisse.
Décembre est un bon moment pour célébrer, oui. C’est aussi un moment stratégique pour regarder en face ce qui a fonctionné, ce qui a coûté trop cher, ce qui n’a plus sa place. Pour accepter que la croissance durable se joue sur des cycles plus longs que l’euphorie de janvier (je peux bien te parler de ton abonnement au gym si tu veux ;). Pour remettre l’exécution au centre et replacer l’humain — toi — dans l’équation.
En 2026, je choisis encore la clarté. Pas la clarté cosmétique, la clarté opérante. Celle qui transforme l’intention en architecture, l’énergie en résultats, les semaines en jalons franchis. Celle qui permet d’accueillir les opportunités plutôt que de les poursuivre, parce qu’on sait exactement si elles entrent ou non dans le plan. Celle qui fait de la planification un acte de leadership, pas un rituel de début d’année.
L’avenir ne se devine pas. Il se construit, une décision claire à la fois. Et il se protège par un système qui te permet d’avancer sans t’y perdre.
À très bientôt,
Maude