Les batailles invisibles des dirigeantes

Nous venons tout juste de terminer nos deux masterclass sur le thème de l’intelligence artificielle. Et j’ai envie de vous partager une anecdote qui m’a marquée pendant cette période. Une histoire qui parle d’IA… mais qui au fond, parle surtout d’humain.
Le mois dernier, alors que je faisais la promotion de ma masterclass, un inconnu a répondu à l’un de mes posts sur les médias sociaux pour challenger la rigueur de ma critique. Dans mon contenu, j’avais présenté un exemple concret : une question de droit soumise à ChatGPT. La réponse de l’IA semblait, à première vue, bien rédigée… mais elle était erronée. C’était précisément mon point : l’IA peut séduire par sa fluidité, mais encore échouer dans sa fiabilité.
Mon interlocuteur m’a donc interpellée, poliment mais fermement, en remettant en question ma méthode.
Et je vais être honnête : il avait raison de le faire.
Bien que j’aie utilisé le modèle le plus avancé au moment de ma première démonstration, un doute m’avait traversée. Quelques jours avant la masterclass, ChatGPT-5 venait tout juste de sortir. Par rigueur intellectuelle, je me suis dit : reprenons l’exercice. Allons voir si la nouvelle version réussit là où l’ancienne a échoué.
Le verdict ? L’IA s’est trompée à nouveau.
J’ai donc informé mon correspondant de mes résultats. Et à ma grande surprise, plutôt que de se contenter d’un échange sec en public, il est venu me parler en privé. Non pas pour me « piéger », mais pour discuter. Pour chercher à comprendre comment j’avais construit mon prompt, quel modèle exact j’avais utilisé. Toujours avec respect, toujours avec le souci de pousser la réflexion plus loin.
De son côté, il a retravaillé mon prompt, testé lui-même l’exercice et m’a envoyé son propre résultat. Devine quoi ? Même échec.
Et c’est là que j’ai souri.
Non pas parce que j’avais « gagné » la discussion, mais parce qu’au lieu de rester chacun campé sur nos positions, nous avons choisi le dialogue. Lui, étudiant à la maîtrise sur un sujet connexe à l’IA, m’a challengée avec rigueur. Moi, j’ai choisi de l’écouter, de re-tester, de me mettre en position d’apprendre.
Au final, qu’est-ce qui en est ressorti ?
Un très bel échange. Une rencontre improbable entre une dirigeante et un étudiant. Et une leçon qui va bien au-delà de l’intelligence artificielle.
Parce qu’au fond, l’IA est là pour rester. Elle va transformer nos façons de travailler, soutenir nos tâches, accélérer nos analyses. Mais ce n’est pas demain la veille que l’intelligence humaine sera surclassée.
L’intelligence humaine, c’est cette capacité douter de soi, de questionner ses propres certitudes, de tester à nouveau plutôt que de se contenter de la première réponse. C’est cette ouverture à écouter l’autre, même un inconnu derrière un écran. C’est la capacité d’entrer en conversation plutôt que de « scroller » ou d’ignorer.
Et pour une dirigeante, c’est une bataille invisible qui compte plus qu’on ne le croit. Chaque jour, nous sommes challengées : par des clients, des collaborateurs, des inconnus sur les réseaux. Nous avons toujours le choix : ignorer, réagir avec orgueil… ou choisir l’apprentissage, la nuance et le respect.
Ces moments ne font pas les gros titres. Ils ne s’affichent pas dans les bilans financiers. Mais ils forgent notre leadership. Ils construisent notre réputation. Et surtout, ils nous rappellent que notre vraie force, en affaires comme ailleurs, reste profondément humaine.
Alors oui, l’IA progresse. Elle s’améliore à une vitesse folle. Mais elle ne remplacera jamais la richesse d’un échange respectueux, la valeur d’une remise en question, ou la résilience d’une dirigeante qui choisit d’apprendre au lieu de s’enfermer dans sa certitude.
C’est ça, la bataille invisible que j’ai menée ce mois-là. Une bataille gagnée non pas contre une machine, mais avec un humain.
Maude