Faire autrement, c’est pas fuir. C’est choisir.

Au moment où j’écris ces lignes, je suis assise autour d’une table dans un chalet, entourée d’une partie de mon équipe. Nous sommes en plein lac-à-l’épaule stratégique, à poser les fondations d’une année à venir qui, déjà, me donne le vertige. Mais un vertige que j’apprends doucement à apprivoiser, et même à aimer.

Mon été n’a rien de reposant. Mon calendrier est chargé au-delà du raisonnable. Pourtant, je n’ai jamais eu une clarté aussi intense sur ce que je veux accomplir. Je termine mon baccalauréat en droit cet automne et, dès janvier, je franchirai les portes de l’École du Barreau, ultime étape avant de réaliser un rêve longtemps mûri : devenir avocate.

Mais comme rien n’arrive jamais tout seul dans ma vie, en même temps que je boucle ce chapitre académique majeur, ma fille Victoria vivra elle aussi une grande transition : sa dernière année à l’école primaire. Une douce mais bien réelle entrée vers l’adolescence, avec ses premiers émois amoureux, ses premières grandes questions existentielles, ses premières transitions personnelles qui, inévitablement, transforment aussi la femme que je suis.

J’ai eu 40 ans en juillet. Une étape marquante, un rappel saisissant que la vie défile à une vitesse folle. Chaque minute, chaque énergie investie dans mes projets doit impérativement valoir la peine, parce que pendant que je m'investis dans mes études et dans la croissance de mes entreprises, mes enfants grandissent. J'ai dû gérer énormément d'émotions en constatant que l'enfance de Victoria touche doucement à sa fin. Nous discutons beaucoup ensemble. Pourquoi maman part à Montréal cette semaine, pourquoi mon horaire est plus chargé à certains moments, mais surtout comment nous pouvons planifier des moments précieux ensemble. Nous privilégions la qualité, faute de pouvoir toujours offrir la quantité. Avec eux, je reprends souvent le concept de Melanie Ann Layer : « Pineapple Season », pour leur montrer que certaines choses nécessitent patience et foi.

Oui, c’est inconfortable. Oui, c’est terrifiant. Parce que tout bouge en même temps, parce que les fondations solides que je croyais bien installées semblent se réinventer constamment. Mais dans ce tumulte, il y a une certitude profonde : celle que je suis exactement là où je dois être. Que ces transformations simultanées ne sont pas des obstacles, mais bien des opportunités déguisées. Des portes qui s’ouvrent sur un avenir que je devine grandiose, même s’il reste encore flou.

J’ai longtemps cru que l’inconfort était quelque chose à éviter. Que le succès, la clarté, l’accomplissement devaient nécessairement rimer avec sérénité. Je comprends aujourd’hui que c’est faux. Que l’inconfort est précisément l’endroit où la magie se produit. Que c’est dans cet espace incertain, parfois chaotique, que naissent les véritables changements, les idées les plus puissantes, et les réalisations les plus significatives.

Alors, plutôt que de fuir ce vertige, j’ai choisi de l’embrasser pleinement. J’accueille le chaos de cet été chargé, l’émotion de voir ma fille grandir sous mes yeux, et la peur saine qui accompagne chaque grand pas vers mes objectifs personnels et professionnels. Je respire profondément et je me dis : tout est parfait, même dans l’imperfection.

Comment je fais pour rester structurée au quotidien, malgré ce rythme effréné ? J'utilise un agenda papier. Oui, en 2025, je suis encore attachée au papier, aux autocollants et aux crayons de couleur. Il n'y a rien de plus satisfaisant que de rayer une tâche d'un beau trait coloré. Bien sûr, nous avons un tasker informatisé au bureau, mais le papier me donne une vision immédiate et claire de mes priorités. Et puis, mon vision board est constamment sous mes yeux puisqu’il est le fond d'écran de mon ordinateur. Il m’aide à garder le cap sur ma grande vision et à faire des choix cohérents avec elle. Ce qui ne sert pas cette vision n’a simplement pas sa place dans mon agenda.

Peut-être que toi aussi, tu vis une période similaire. Peut-être que, comme moi, tu es confrontée à l’inconfort du changement, à l’incertitude d’une transformation profonde. Si c’est le cas, souviens-toi que cet inconfort n’est pas ton ennemi. Il est le signe que tu es en mouvement, que tu grandis, que tu avances vers quelque chose d’incroyable.

Embrassons ensemble cet inconfort, parce que de l’autre côté, je sais qu’il y a quelque chose d’extraordinaire qui nous attend...

Maude