IA et Loi 25 : Protéger ses données n’est plus une option, c’est une obligation

Ces derniers mois, j’ai observé une accélération fulgurante dans l’intégration de l’intelligence artificielle au cœur des opérations d’entreprise. L’enthousiasme est palpable : gain de temps, optimisation des processus, nouvelles perspectives de croissance, réduction des coûts, accès à de nouvelles sources d’information en quelques secondes. L’IA fascine, inspire et transforme déjà profondément notre façon de travailler. Pourtant, derrière cette effervescence technologique se cache un risque trop souvent sous-estimé : la sécurité informatique et la protection des renseignements personnels. Dans la dernière année, avec l’entrée en vigueur complète de la Loi 25 au Québec, ce qui relevait autrefois de la bonne pratique devient aujourd’hui une obligation légale, mais aussi, à mes yeux, un impératif stratégique incontournable pour toute organisation qui veut rester crédible et compétitive.

Lors d’un récent panel réunissant des experts en cybersécurité et en droit des technologies, un exemple m’a particulièrement frappée. Une PME québécoise, en utilisant un outil d’intelligence artificielle pour traiter des données clients, a sans le savoir transféré des informations nominatives vers un serveur situé à l’étranger, dans une juridiction où les normes de protection sont beaucoup moins strictes. Résultat: une fuite de données. Conséquence : perte immédiate de confiance de la clientèle, risque de sanctions prévues par la Loi 25, atteinte à la réputation et gestion de crise qui a mobilisé l’équipe pendant des semaines. Ce genre de situation n’est pas un scénario théorique : il arrive déjà, et souvent dans des entreprises qui pensaient avoir tout prévu. Et pas uniquement à petite échelle, il s'agit de suivre l'actualité pour savoir que toutes les entreprises, peu importe leur taille, sont à risque. La frontière entre innovation et infraction est plus mince que jamais.

Ce qui rend l’intelligence artificielle si puissante est aussi ce qui la rend risquée. L’IA a besoin de données pour apprendre, s’améliorer et fournir des réponses pertinentes. Plus elle a accès à des données, plus ses résultats sont performants. Mais cette force est aussi sa vulnérabilité. Les flux de données qu’elle manipule peuvent inclure des renseignements personnels, parfois sensibles, qui transitent, se stockent ou se transfèrent à l’extérieur du pays. Et dans la majorité des cas, les utilisateurs ne savent pas exactement où vont ces données ni comment elles sont traitées. C’est un peu comme laisser la porte de son entreprise grande ouverte, avec un panneau “Servez-vous”, en espérant que personne ne s’y aventure.

La Loi 25 change la donne. Elle oblige toutes les entreprises, peu importe leur taille, à désigner un responsable de la protection des renseignements personnels, à documenter et encadrer les processus internes, à effectuer des évaluations des facteurs relatifs à la vie privée pour tout projet technologique impliquant des données personnelles, et à notifier rapidement toute personne concernée en cas d’incident de confidentialité. Ne pas se conformer, ce n’est plus seulement courir le risque d’une réprimande : c’est s’exposer à des amendes considérables, à une perte de crédibilité et à un impact direct sur la relation avec la clientèle. La conformité à la Loi 25 ne peut plus être un exercice de dernière minute ; elle doit être intégrée à la stratégie d’affaires.

Dans mes entreprises, j’ai choisi de transformer cette contrainte réglementaire en véritable levier stratégique. Nous avons commencé par cartographier toutes les données personnelles qui circulent dans nos systèmes et nos outils d’IA, afin de savoir exactement quelles informations sont collectées, où elles sont stockées, qui y a accès et pour combien de temps. Nous avons sélectionné nos solutions technologiques en tenant compte non seulement de leur performance, mais aussi de la localisation des serveurs et de leur conformité aux lois québécoises et canadiennes. Nous avons rédigé et intégré des clauses contractuelles précises avec nos fournisseurs technologiques pour encadrer le traitement, la conservation et la destruction des données. Nous avons également mis en place une politique interne claire, accessible et comprise de tous, qui définit comment et dans quelles conditions l’IA peut être utilisée.

Ce travail ne s’est pas limité à l’aspect technique. Nous avons investi dans la formation de toutes nos équipes, car la cybersécurité et la protection des renseignements personnels ne sont pas seulement des enjeux technologiques : ce sont aussi des enjeux humains. Une erreur commise par un employé mal informé peut avoir les mêmes conséquences qu’une faille informatique sophistiquée. Sensibiliser les équipes, c’est réduire les risques tout en renforçant la culture d’entreprise autour de la vigilance numérique.

La réalité, c’est que l’intelligence artificielle ne va pas ralentir. Au contraire, son adoption va continuer de croître à une vitesse exponentielle, et avec elle, la complexité des enjeux liés aux données personnelles. Les organisations qui réussissent seront celles qui auront compris que gouverner l’IA, c’est aussi gouverner la sécurité informatique, la conformité légale et la confiance des parties prenantes. Il ne suffit pas d’éviter les sanctions : il faut être capable de démontrer à ses clients, à ses partenaires et à ses investisseurs que l’innovation se fait dans le respect absolu de la confidentialité et de l’intégrité des données.

Gouverner l’intelligence artificielle intelligemment, c’est intégrer la conformité, la sécurité informatique et la protection des renseignements personnels comme leviers d’innovation, de crédibilité et de différenciation sur le marché. Une entreprise qui maîtrise les obligations de la Loi 25 et qui démontre sa vigilance en matière de cybersécurité envoie un message clair : nous innovons, mais jamais au détriment de la sécurité. Cette posture devient un avantage concurrentiel en soi, un élément qui attire les clients les plus exigeants et solidifie les relations à long terme.

Si tu veux non seulement te conformer à la Loi 25, mais aussi transformer cette exigence réglementaire en atout stratégique pour ton entreprise, ma prochaine masterclass t’accompagnera pas à pas pour mettre en place un cadre solide, éthique et performant.

Maude